Découvrez la contribution d’APF France handicap sur le "monde d’après"

28.05.2020

Depuis plusieurs mois, le monde fait face à une pandémie sans précédent qui réinterroge fondamentalement notre modèle de société. Alors que les prises de paroles sur le “monde d’après” se multiplient, nous partageons aujourd’hui nos réflexions dans une contribution : « Demain, une société plus juste, apaisée et durable, fondée sur les droits humains ». 

 
Notre contribution s’inscrit dans une dynamique sociétale, citoyenne et non catégorielle, une dynamique qui anime déjà notre projet associatif. En nous appuyant sur les droits fondamentaux, le développement durable et le pouvoir d’agir et de choisir de chacun·e, nous présentons des principes essentiels, des priorités et 50 propositions pour une société plus juste, apaisée et durable, fondée sur les droits humains. 

Le "monde d'après" doit marquer une vraie rupture avec le monde d'avant

Cette crise sanitaire a mis à jour les limites et les insuffisances d’un certain nombre de choix politiques et économiques faits ces dernières années.
Elle a aussi permis à toutes et tous de mieux percevoir et comprendre ce que vivent la plupart des personnes en situation de handicap et de leurs proches habituellement, en dehors de toute crise sanitaire.
Véritable électrochoc, cette crise apparaît comme une opportunité pour repenser la société autour d’enjeux majeurs pour lesquels, les pouvoirs publics ont une responsabilité première : droits humains, enjeux sociaux, écologiques, démocratiques et économiques.
 
En se fondant sur le vécu des personnes en situation de handicap et de leurs proches et les combats menés par notre association depuis près de 90 ans, il est temps de rebattre les cartes, en dépassant les questions spécifiques au handicap, autour de ce qui donne un sens à nos vies, individuellement et collectivement.

Des principes incontournables pour la participation de toutes et tous 

Pour construire cette nouvelle société, il est indispensable de permettre à chacun·e d’être citoyen·ne, sur un principe d’égalité avec les autres. Pour cela, nous énonçons cinq principes essentiels à une société fondée sur les droits humains :
  • Respecter et soutenir le droit à l’autodétermination et à l’épanouissement de chacun·e en cessant de présupposer une "vulnérabilité" particulière liée à l’âge, l’état de santé, la situation de handicap, de précarité…
  • Garantir et valoriser la participation sociale et l’expertise des personnes, en permettant de disposer des moyens pour compenser le manque ou la perte d’autonomie.
  • Concrétiser le pouvoir d’agir et de choisir de chacun·e avec les aménagements nécessaires.
  • Rénover la démocratie pour que chaque citoyen·ne puisse jouer pleinement son rôle dans les choix de société et les politiques publiques à élaborer.
  • Impliquer la société civile, les associations dans une logique de parties prenantes incontournables dans la co-construction des politiques publiques.

Des priorités pour une refondation sociétale 

Afin que cette refondation ait un réel sens sociétal, il est indispensable qu’elle se fonde sur les droits humains et qu’elle adopte une approche transversale des situations pour permettre des réponses adaptées. En ce sens, nous avons identifié huit priorités pour poser les bases de cette nouvelle société :
  • Garantir l’effectivité des droits fondamentaux en affirmant l’indivisibilité systématique des droits et de leur exercice et la simplification de leur accès.
  • Soutenir la responsabilité sociétale et environnementale en repensant globalement l’économie en ce sens et en donnant une réelle place à l’économie sociale et solidaire.
  • Réinventer le territoire au service de la proximité, de la solidarité et de l’inclusion en reconnaissant le rôle essentiel des solidarités, en rapprochant du "terrain" les politiques et en impliquant tous les acteurs locaux dans le développement de solutions de proximité.
  • Concevoir un environnement inclusif afin que chacun·e, quelle que soit sa situation, puisse agir et évoluer librement, vivre avec et parmi les autres, à égalité.
  • Développer une éducation inclusive et émancipatrice pour que chacun·e soit à même de se forger un avis, de se construire un devenir personnel et professionnel, d’acquérir son autonomie et de s’épanouir.
  • Imaginer de nouvelles formes d’apprentissage, de formation et de travail en reconsidérant le travail dans ses modalités et son utilité sociétale.
  • Initier de nouveaux modèles de protection sociale en s’inspirant du programme du Conseil National de la Résistance, en renforçant le filet de protection sociale et solidaire pour couvrir tous les risques (santé, précarité, handicap, perte d’autonomie, vieillissement, vie familiale). 
  • Investir dans le système de santé en reconstruisant un système de soins qui fasse le lien entre l’hôpital, les soins de ville, le domicile, le médico-social… qui pense la prévention, pour faciliter ainsi la vie des personnes et permettre de rendre effectifs leurs droits en la matière. En décidant avec les personnes concernées.
Ces principes et priorités sont déclinés en 50 propositions pour bâtir une société plus juste, apaisée et durable fondée sur les droits humains.

Ensemble, rêvons, osons, créons !

Aujourd’hui, il est essentiel que les citoyen·ne·s et les acteurs de la société civile, les associations, réfléchissent et s’engagent, ensemble, dans des logiques collectives plus porteuses d’humanité, de liens sociaux, en proposant de nouveaux modes de vie, pour une pleine effectivité des droits fondamentaux, l’égalité et la participation sociale.
 
Et, en tant qu’acteur responsable, fort de nos expertises d’usage, militantes et professionnelles, nous serons partie prenante des débats sur l’analyse de la crise, ses conséquences sanitaires, sociales et économiques, pour bâtir une autre société, bâtir une société plus juste, apaisée et durable fondée sur les droits humains.
 
 

 

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