« Autiste », « invalide », « victime » : En finir avec les mots qui blessent.

Les mots ont un pouvoir. Ils peuvent élever et inclure, ou au contraire, blesser et exclure. Quand on parle de handicap, l'utilisation de certains termes, même sans mauvaise intention, entretient des clichés et une vision déformée de la réalité. Changer notre langage, ce n'est pas de la "bien-pensance" : c'est un premier pas essentiel pour changer notre regard et combattre les stéréotypes.

Non, le handicap n'est pas une insulte

« Un dialogue de sourds », « c'est un autiste », « une politique schizophrène », « un nain politique »... Ces expressions sont si courantes qu'on n'y fait même plus attention.

Pourtant, elles sont un problème. Elles utilisent un handicap ou une condition médicale comme une métaphore négative pour décrire une situation d'échec ou de contradiction. C'est non seulement insultant pour les millions de personnes concernées , mais cela prouve aussi une méconnaissance totale de ce que sont réellement ces handicaps.

La bonne pratique : Évitons ces caricatures. L'humour est possible, mais jamais au détriment de la dignité des personnes.

Une personne n'est pas son handicap

On entend souvent : « un handicapé attend », « il faut aider les tétraplégiques ».

Le problème ? On réduit toute une personne à une seule de ses caractéristiques. Personne n'est juste un handicap. Ce sont avant tout des personnes : un père de famille, une avocate, un musicien, une voisine... qui se trouve être en situation de handicap.

La bonne pratique : Disons simplement « une personne handicapée » ou « une personne en situation de handicap ». C'est simple, et ça change tout.

Ni « victime » à plaindre, ni « héros » à admirer

Le traitement du handicap tombe souvent dans deux extrêmes :

  1. La pitié : On parle de personne « frappée par le handicap », « clouée à son fauteuil » ou de « victime ». Ce vocabulaire crée une distance et enferme la personne dans un rôle passif.
  2. L'héroïsation : « Quel courage ! », « Elle a réussi malgré son handicap ». En admirant une personne pour le simple fait de vivre, on la place sur un piédestal et on la sort, là aussi, du "commun".

La bonne pratique : Les personnes en situation de handicap ne sont ni des victimes, ni des super-héros. Ce sont des citoyens qui ont des projets, des compétences et des difficultés, comme tout le monde.

Le vrai problème ? C'est souvent l'environnement.

La Convention de l'ONU, ratifiée par la France, le dit très bien : le handicap n'est pas qu'une déficience. C'est l'interaction entre une personne et un environnement plein de barrières.

Le handicap, ce n'est pas seulement d'être en fauteuil roulant. C'est d'être face à un trottoir sans bateau ou un commerce avec des marches. Ce n'est pas d'être sourd, c'est de regarder une vidéo sans sous-titres.

La bonne pratique : C'est pour cela que l'expression « personne en situation de handicap » est si juste. Elle rappelle que le problème est souvent la société qui n'est pas accessible, et non la personne.

Donner la parole, mais pas seulement pour témoigner

Combien de fois voit-on une personne handicapée invitée sur un plateau télé... uniquement pour parler de son handicap ?

Les personnes handicapées ne sont pas seulement des "témoins". Elles sont aussi des expertes, des professionnelles, des artistes, des sportives. Elles ont des avis sur l'économie, la culture ou l'éducation.

La bonne pratique : Il faut leur donner la parole sur tous les sujets. Et quand elles sont là, il faut s'adresser à elles directement, et non à leur accompagnant ou à leur interprète.

Pour aller plus loin

Ces réflexions s'inspirent en grande partie du guide « Pour mieux parler du handicap dans l'espace public » , publié par le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH).

C'est une ressource complète et accessible si vous souhaitez approfondir le sujet et découvrir en détail les 10 questions clés à se poser avant de prendre la parole.

Consulter le guide complet du CNCPH

Restez informés

Pour suivre et relayer l'actualité d’APF France handicap, suivez-nous sur nos réseaux sociaux et abonnez-vous à notre newsletter.