Portrait : Albert Lebeau, adhérent centenaire de la délégation de Saône-et-Loire

07.04.2023

APF France handicap, qui fête cette année ses 90 ans, est certes une association d’âge respectable. Mais elle compte dans ses rangs des personnes qui soufflent encore plus de bougies qu’elle et dont l’engagement ne date pas d’hier. C’est le cas d’Albert Lebeau, centenaire et adhérent depuis plus de trente ans !

Le doit-il à son caractère volontaire ? À son hygiène de vie irréprochable ? Difficile de savoir quelle est la recette de l’élixir de jouvence d’Albert Lebeau, adhérent centenaire du Creusot, en Saône-et-Loire. Mais ce qui est sûr, c’est que son parcours, tout autant que son discours, forcent le respect.
 

Albert Lebeau, "100 ans et 4 mois"

Albert Lebeau, "100 ans et 4 mois", comme il s’amuse à le préciser, a été l’aidant de trois personnes : son épouse, l’un de ses deux fils et sa fille. Madame Lebeau, qui était en effet en fauteuil roulant et qui est décédée en 2006. Albert a pris soin d’elle "jusqu’au bout". Une lourde charge, si l’on en croit ce qu’il explique, même s'il évacue souvent les questions après une courte réponse d’un "autrement, rien de spécial !". L’appartement qu’il occupe aujourd’hui seul et dans lequel il vit depuis quarante-sept ans, n’étant, apparemment, pas du tout adapté.

"Le quartier a beaucoup changé. La route n’existait pas. Quant aux appartements, ils n’étaient pas conçus pour les personnes handicapées. J’aidais ma femme pour le coucher, pour les toilettes et surtout pour l’ascenseur. Car il est prévu pour une charge de 4 personnes seulement. Un fauteuil, il faut donc le lever et le manipuler pour qu’il rentre". De quoi se casser le dos et tout le reste ! D’autant que le centenaire ne se décrit pas comme un colosse. "Je fais 65 kg et je ne prends aucun médicament. Juste des plantes ! Et je fais tous les jours du vélo, du rameur et de la marche dans mon appartement", lance fièrement celui qui confesse néanmoins être devenu malentendant et malvoyant.
 

Une histoire de famille

Ce qui lui a valu une mésaventure l’an passé, où il s’est ouvert les deux arcades sourcilières et cassé le poignet. "Il nous a fait une peur bleue !", explique Nicole Bouvresse, l’actuelle responsable du café ludique du groupe APF France handicap du Creusot, auquel participe Albert tous les mardis après-midi. "Avant, il venait avec son fils,  traumatisé crânien, qu’il avait à sa charge car il ne pouvait plus travailler suite à son accident", ajoute-t-elle. Gérard, le fils, vit désormais dans un Ehpad voisin et aux dires d’Albert, "ça se passe bien". "Il a été renversé par une voiture et opéré huit fois à Lyon", explique-t-il.

Entre les Lebeau et APF France handicap, c’est donc une histoire de famille. "Albert s’est beaucoup investi par rapport à son épouse, confirme Jean Bruno, ancien responsable du groupe du Creusot. Il était bénévole pour des sorties, des voyages..." Aujourd’hui, le centenaire ne rate jamais un rendez-vous du mardi après-midi, très attaché aux temps de convivialité organisés par la délégation. Pour jouer aux cartes, échanger, partager un goûter... En décembre dernier, pour le repas de Noël à Mâcon, qui a été l’occasion de lui fêter ses 100 ans, il s’est même lancé sur la piste de danse. "J’ai eu une médaille, plein de cadeaux. J’ai dansé avec les animatrices et j’ai même été interviewé. C’était fantastique !", se souvient-il. Nicole Bouvresse, qui a aussi été sa partenaire de danse ce jour-là, explique, elle, qu’Albert s’étant senti tellement choyé, il n’a pas hésité à faire un don de 100 euros à l’association.

 

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