Aggravation de la situation des personnes les plus vulnérables : il y a urgence !

08.11.2019

Face à la dégradation du niveau de vie des personnes les plus précaires depuis deux ans, le collectif ALERTE, ATD Quart Monde, Emmaüs France, la Fédération des Acteurs de la Solidarité, la Fondation Abbé Pierre, les Petits Frères des Pauvres, le Secours Catholique, l’Uniopss et nous-mêmes venons d’adresser une lettre ouverte au président de la République pour lui faire part de nos vives inquiétudes.

9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté

Les personnes les plus pauvres apparaissent aujourd’hui comme les grandes perdantes de l’action gouvernementale :
- 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté dont 2 millions de personnes en situation de handicap. Un certain nombre de personnes sous le seuil de pauvreté vivent à la rue, dans des campements ou des logements indignes.
- L’Insee estime que le taux de pauvreté a augmenté de 0,6 point pour atteindre 14,7 % de la population en 2018.
- Une étude de l’Institut des Politiques Publiques (IPP) confirme que les 9 % des ménages les plus modestes ont perdu du pouvoir d’achat en 2019 avec les effets cumulés des mesures de 2018 et 2019.
- Cette étude indique aussi que les 10 % des ménages les plus pauvres auront des gains de pouvoir d’achat quasiment nuls sur l’année 2020, au regard des annonces budgétaires actuelles.

En effet, malgré quelques dispositions positives, un grand nombre des mesures (baisse de 5 euros des APL par exemple) ont contribué à une diminution du pouvoir d’achat d’une grande majorité des personnes les plus pauvres.

En outre, la réforme de l’assurance chômage (durcissement des conditions d’accès à l’indemnisation, du renouvellement des droits et du calcul des indemnités versées) risque de faire entrer davantage de personnes dans la pauvreté.  

Quant au futur revenu universel d’activité (RUA), plusieurs conditions nous semblent déterminantes pour qu’il constitue une réelle avancée dans la lutte contre la pauvreté :

  • il doit garantir que personne en France ne vive avec moins de 50 % du revenu médian (soit 867 euros par mois pour une personne seule, sans les aides au logement) ;
  • il ne doit pas fusionner les APL, l’AAH et l’ASPA qui sont des allocations d’une autre nature ;
  • il doit être ouvert dès 18 ans, sous conditions de ressources mais sans contrepartie et avec une obligation pour l’Etat de prévoir un accompagnement vers une formation ou un parcours vers l’emploi ;
  • cette réforme ne doit pas être financée par une forme de solidarité horizontale entre les bénéficiaires des différents minima sociaux, au risque de faire des perdants parmi les ménages vivant sous le seuil de pauvreté.

Le gouvernement doit répondre à l’urgence sociale

En tout état de cause, le RUA verra le jour qu’à l’horizon 2023.

Et si la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté comporte de nombreuses mesures positives et structurelles, ses effets s’inscriront dans un temps long.

Or il y a urgence !

Nous demandons donc des réponses immédiates de la part du gouvernement, dans le cadre des lois de finances et de financement de la sécurité sociale pour l’année 2020 : revalorisation du RSA ; réindexation à hauteur de l’inflation des prestations sociales et familiales et des allocations logement ainsi que leur réévaluation ; élargissement du périmètre de la Garantie Jeunes.
 
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